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Les Carve-outs : Complexité et enjeux de la séparation d'actifs

Corentin Dépit

Un carve-out est une opération de séparation d'une division, filiale ou unité opérationnelle d'une entreprise pour en faire une entité indépendante. Contrairement à une simple cession d'actifs, le carve-out implique de démêler des opérations souvent profondément intégrées : systèmes IT partagés, contrats communs, ressources mutualisées.

 

Pourquoi réaliser un carve-out ?

 

  • Recentrage sur le cœur de métier : Face aux pressions des marchés et des activistes, les groupes comme Siemens opèrent des carve-outs de leurs activités énergie et santé pour éliminer la décote de conglomérat.

  • Révélation de la valeur d'actifs sous-évalués : Des activités stratégiques peuvent être masquées au sein d'un grand groupe, comme l'illustre la séparation de Viagra par Pfizer pour mieux valoriser ses activités matures et innovantes.

  • Amélioration de la lisibilité pour les investisseurs : La séparation de eBay et PayPal en 2015 a permis aux investisseurs de mieux valoriser chaque business model distinct.

  • Autonomie de gestion pour des activités distinctes : La séparation de Daimler Truck et Mercedes-Benz a permis à chaque entité d'adopter sa propre stratégie d'électrification.

 

Quelles sont leurs structures ?

 

Le choix de la structure dépend des objectifs :

  • Spin-off : distribution des actions aux actionnaires existants, idéal pour maximiser la valeur actionnariale.

  • Split-off : option d'échange entre actions mère/filiale, utile pour réduire le capital flottant.

  • IPO partiel : monétisation progressive, mais complexité accrue de gouvernance.

  • Trade sale : réalisation immédiate de valeur, mais processus compétitif nécessaire.

Les spin-offs dominent avec 60% des opérations en 2023, favorisés par leur traitement fiscal.

 

 

Quels sont les points critiques des Carve-outs ?

 

  • Financiers : L'allocation de dette et du besoin de fonds de roulement est cruciale, avec des coûts standalone systématiquement sous-estimés (+20%) par la perte des économies d'échelle.

  • Opérationnels : La séparation IT (12-18 mois) exige de démêler des décennies de bases de données, ERP (progiciel de gestion intégré), propriété intellectuelle et contrats sans compromettre l'activité.

  • RH : L'allocation des talents devient un exercice d'équilibriste délicat : les experts clés et fonctions support, souvent partagés entre divisions, doivent être répartis équitablement tout en maintenant la motivation des équipes face à l'incertitude.

 

Quelques facteurs clés de succès

 

  • La "Day-1 Readiness" exige une cartographie exhaustive des fonctions critiques pour garantir leur fonctionnement autonome immédiat.

  • La "Clean Team", pilote stratégique de la séparation, assure une transition fluide sans perturber les opérations commerciales.

  • Le Value Creation Plan anticipe les opportunités d'amélioration mais aussi les pertes de synergies à compenser rapidement.

  • Une communication précise maintient la confiance des marchés et des équipes tout au long du processus.

 

Il est à noter que le succès d’un carve-out repose moins sur la structure choisie que sur l’exécution minutieuse et l’anticipation des interdépendances. L’expérience montre qu’un programme de 18-24 mois est souvent nécessaire, avec à la clé une détection de 40% selon BCG.

 

Un exemple :

Le spin-off de Solvay en deux entités (Solvay et Syensqo) montre cette complexité avec un défi majeur : séparer 30 ans de R&D intégrée. L'équipe a utilisé l'IA pour cartographier ses brevets, investissant 380M€ en IT et restructurant pour ainsi créer deux leaders spécialisés dans leurs marchés respectifs.

 

 

 

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